2010 Mars : Jean POURTAU-MONDOUTEY

Les quelques années précédant sa disparition, il avait l’habitude de dire, en plaisantant, qu’il était « le plus gros » éleveur de Biron. Et c’était vrai, puisqu’il était « le seul », et « le dernier », à avoir des vaches au village. Oh! pas cinquante têtes, juste six, six belles blondes d’Aquitaine, de quoi remplir son étable de la Teülère, de quoi lui donner quelques veaux nourris sous leur mère, et surtout de quoi occuper ses journées qu’il adorait passer dehors, été comme hiver, dans la campagne de son enfance, dans les prés et les bois autour de chez lui, de Brassalay et de Maupoey.

Il était arrivé à Biron en 1956, à l’âge de 14 ans, de Casteide-Cami. Quand on est le neuvième enfant d’une fratrie de dix, la vie à la campagne est plutôt dure, en ce temps-là. Henri MONDOUTEY, mari de Laure, la tante de Jean, fabriquait, dans son atelier de la route de Brassalay, les belles tuiles « picon » qui couvrent encore la plupart des anciennes maisons de Biron. Le travail ne manquant pas, Henri et  Laure, décidèrent d’adopter Jean-Baptiste, qui s’appela, dès lors, pour les bironnais, Jean POURTAU-MONDOUTEY. Il apprit le métier, devint expert en la « matière », c’est le cas de le dire. Mais il devint surtout, expert en tout ce qui concernait le travail manuel, la mécanique, la plomberie, la maçonnerie, et bien sûr le travail de la ferme. Faucher, labourer, tailler les haies, abattre des arbres, couper du bois, réparer des toits, rien ne lui faisait peur.

Puis, en 1968, il entra chez Peugeot à Orthez où il apprit le métier de tôlier qu’il pratiqua pendant 20 ans. Jusqu’au jour où une profonde surdité l’obligea à s’orienter vers une activité plus appropriée. Mais il ne fallait pas lui parler de handicap ! Pour lui, le seul handicap dont l’homme pouvait souffrir, sans grande chance de guérison, c’était la bêtise. Il devint donc magasinier jusqu’à sa retraite, en 2000, retraite dont il n’aura malheureusement pas beaucoup profité.
En 1970, il épousa Gisèle, bien connue au village pour son engagement dans la vie publique, (élue depuis  21 ans, elle est aujourd’hui adjointe au Maire de Biron). Bien connus aussi, ses 3 garçons, Eric, l’ainé, Lionel et Benoît, les jumeaux, joueurs et dirigeants de foot à l’ESP, le foot, l’autre passion de Jean. Il n’a pas manqué beaucoup de matches du dimanche au stade de Biron.
Mais la vie est impitoyable. Lui qui n’a jamais fumé, jamais fait d’excès, jamais bu de vin ni d’alcool, a été emporté par une crise cardiaque foudroyante, la nuit du 9 octobre, après une soirée à la pétanque . Quelle injustice !

La pétanque, ça, c’était son dada ! Combien de tournois, combien de doublettes, de simplettes ou de triplettes, l’ont vu s’exprimer sur le terrain. Il y mettait la même concentration, le même sérieux, la même précision que dans tout ce qu’il entreprenait. Et il y entretenait le même sens de l’amitié et de la confraternité que dans sa vie de tous les jours.
S’il fallait donner à Jean une qualité, une seule, la principale, celle qui relèguerait toutes les autres au second plan, on pourrait, sans se tromper lui attribuer celle de « générosité ». Combien de bironnais ont fait appel à lui pour un coup de main, un conseil, un dépannage ! Peu de gens savent que c’est lui, par exemple, qui a gracieusement remis en état les 14  tableaux du chemin de croix de l’église restaurée du village. Cette église trop petite pour recevoir, le 12 octobre 2010, les centaines de personnes attristées, venues rendre à cet homme d’une grande qualité humaine, un dernier hommage.

Jean est parti trop tôt, beaucoup trop tôt.

Son tracteur est rangé, on ne l’entendra plus…Ses blondes d’Aquitaine aussi ont quitté le village… 

 
Il n’y a plus d’éleveur à Biron...

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