2012 Septembre, Bianca SAVY, dite "Blanchette"

Elle était née à Paris le 12 décembre 1932. Bianca Raguza Notariani ne se doutait pas que le destin la mènerait  pendant près de 6 ans, au coeur du Béarn, dans notre petit village de Biron. Bien avant la défaite des troupes françaises en 1940, alors que des menaces d’occupation allemande planaient sur la France, ses parents décidèrent de l’éloigner de la capitale.  Léon et Amélie Haurat, fermiers à Maupoey, étaient réputés pour leur bonté et leur engagement à accueillir des enfants menacés par cette funeste entreprise.
Comme on le sait, la ligne de démarcation passait à proximité d’Orthez, aux Marmonts, ce qui mettait Biron en  zone libre. Bianca n’avait pas encore 7 ans, et bien que catholique, elle serait plus en sécurité à Maupoey, le temps que la guerre se termine. Dès son arrivée, la petite Bianca se sentit totalement intégrée, tant à l’école de Biron qu’elle fréquentait, que dans la famille de Léon et Amélie.

 
         
Une preuve de cette intégration est le surnom que lui donnèrent  immédiatement les enfants du village, car à cette époque, tout le monde était doté d’un sobriquet, le plus souvent humoristique et affectueux. Pour Bianca, ce fut « Blanchette ». Car elle était jolie, très jolie, et gentille avec tout le monde, une enfant modèle. Pierrot Nabarrot, bironnais parmi les anciens, en garde encore un souvenir ému. Amélie Haurat s’occupait de Blanchette comme de sa propre fille. La vie à la  ferme, en ce temps-là, était rythmée par les saisons et les travaux des champs et de la vigne, mais la citadine qu’elle était s’était totalement installée dans cet environnement de sérénité et d’affection. Après la guerre, elle rentra à Paris. Peut-être que la vie au contact de la nature, des animaux domestiques, au milieu des bois, dans la simplicité d’un village de campagne, éveilla en elle un talent artistique et bucolique.Toujours est-il qu’elle entra à l’Ecole des Beaux arts de Paris, obtint son diplôme et pratiqua avec bonheur l’art pictural, en particulier le portrait. Et, comme souvent, la fibre artistique se transmet de génération en génération. Bianca se maria et eut une fille qui, après plusieurs années comme danseuse dans le Ballet de Roland Petit, s’est également établie à Paris en tant qu’artiste peintre spécialisée dans un art contemporain, le « street art » Un jour de 2001, Bianca est  revenue à Biron, avec elle.
Parties de Paris, elles avaient pris le train, puis un taxi, uniquement pour revoir ce lieu où « elle avait passé les plus belles années de sa vie ». Ce furent ses premiers mots en revoyant Maupoey. Elle n’était pas sûre de retrouver la maison de son enfance, elle ignorait si elle serait reçue ou rejetée, ni même si la maison existait toujours. Et quelle ne fut pas son émotion lorsqu’elle revisita les lieux où elle connut 6 ans de bonheur, rs, grâce à l’amour prodigué par Léon et Amélie. En quelques heures, elle se remémora la fontaine où elle allait chercher de l’eau, l’alcôve (qui n’existe plus) où elle dormait, l’escalète (qui n’existe plus non plus) par laquelle elle se rendait à l’école. Et la ventrèche et les oeufs des poules de la maison ont eu des goûts de repas gastronomique d’un grand restaurant parisien. Le 3 mars 2009, sa fille nous faisait part de la mort de sa maman. Nous ne l’avions rencontrée que quelques heures, mais son passage à Maupoey a laissé des traces. Sa sincérité sur l’amour qu’elle a connu de la part de personnes qui l’ont élevée comme leurs propres enfants, les larmes versées et les quelques photos de l’époque qu’elle nous a envoyées, et qui sont reproduites ici, en attestent.
Blanchette était quelqu’un de bien, c’est absolument certain. Elle est partie avec, dans sa mémoire, une place de choix pour Biron, notre village.

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